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Les réseaux sociaux sont ils dangereux pour les jeunes ?
16 février 2015

Article : sciences humaines

Réseaux sociaux sur internet : danger ou bienfait ?

 

"Dépression Facebook", suicide d'adolescents harcelés sur la Toile, images compromettantes à portée de tous... Les cris d'alarme poussés contre les réseaux sociaux sont à la hauteur de leur succès fulgurant. De tels sites ont-ils vraiment des effets pervers, particulièrement pour les plus jeunes ? Qu'en disent les psychologues ? Le point sur les études récentes.

 

Dans un contexte d’évolution technologique et de virtualisation des échanges, les années 2000 ont vu l’émergence des réseaux sociaux via internet : Facebook, MySpace, Twitter, Viadéo, Copains d’avant... Ces sites permettent de développer et d’entretenir son réseau social, une fois un profil d’utilisateur créé. La force de certains d’entre eux est de regrouper des réseaux distincts dans la « vraie » vie (copains d’école, connaissances professionnelles, famille…), tout en donnant également accès à de nombreuses communautés virtuelles. Sur Facebook en particulier, il est possible de partager ses commentaires et d’échanger avec ses « amis », mais aussi de rejoindre une foultitude de groupes selon ses intérêts (musique, sports, affinités politiques…), de créer des événements ou encore de jouer en ligne. Une véritable vie sociale « online » est possible à partir d’un seul site qui dépasse actuellement les 500 millions d’utilisateurs (17 millions en France), et dégage un chiffre d’affaires annuel de plus de 150 millions de dollars ! MySpace regroupe quant à lui plus de 300 millions de membres. Ce succès impressionnant des réseaux sociaux sur internet interroge de plus en plus psychologues et sociologues. Comment expliquer cet engouement, particulièrement marqué chez les jeunes (22% des ados loggent plus de 10 fois par jour sur leur site préféré) ? Quels bénéfices retire-t-on à surfer sur ces sites ? Ces réseaux remplacent-ils ou complètent-ils les activités sociales traditionnelles ? Peuvent-ils devenir dangereux ? La « dépression Facebook » dont certains pédiatres parlent est-elle à prendre au sérieux ?

Sentiment d’appartenance, exutoire et support social

Les réseaux sociaux en ligne offrent la possibilité de multiplier les échanges, de préserver, voire renforcer, certains liens. La distance géographique n’est plus un problème et des relations solides peuvent être entretenues à distance. Dans une société individualiste, mondialisée, où l’on perd ses racines, les réseaux sociaux permettent donc de renforcer un sentiment d’appartenance à un/des groupe(s), de se « ré-enraciner » au sein d’une communauté. Ils participent à la construction d’une identité sociale. En ce sens, ils peuvent être bénéfiques au développement et à la socialisation des adolescents.

Les réseaux sociaux, et internet en général, permettent également de réduire le stress et l’anxiété liés aux contrariétés du quotidien. Nombreux sont les jeunes qui se servent d’internet comme exutoire aux problèmes familiaux, aux échecs scolaires et aux autres difficultés rencontrées. Dans les relations en ligne, ils trouvent également un appui affectif d’un genre nouveau. La reconnaissance et les encouragements qu’on leur témoigne peuvent augmenter leur confiance en eux et certains n’hésitent pas à parler de vertus thérapeutiques. Les personnes introverties, notamment, trouveraient un intérêt certain dans les réseaux sociaux virtuels. Le plus grand anonymat et la moindre importance accordée au physique (chacun est caché derrière son ordinateur), ainsi que le plus grand contrôle que l’on a de la fréquence et de la durée des échanges, peuvent rassurer les plus timides. Une étude met en évidence l’effet positif de l’utilisation de Facebook par les personnes réservées : leurs relations sociales, renforcées grâce au site, sont de meilleure qualité et plus satisfaisantes.

Un terrain favorable aux dérives

Récemment, un collectif de pédiatres américains a lancé le terme de « dépression Facebook ». Il fait référence aux ados passant beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et présentant des symptômes classiques de la dépression. La « dépression Facebook » augmenterait le risque d’être socialement isolé, d’avoir recours aux drogues, de montrer des comportements agressifs ou de se lancer dans des pratiques sexuelles dangereuses. Cependant, seule une corrélation a été mise en évidence, et rien ne prouve que ce soit l’utilisation excessive de Facebook qui mène à la dépression. L’inverse peut tout aussi être vrai : le mal-être adolescent amène à se réfugier dans les relations virtuelles. La seule certitude à l’heure actuelle est qu’un usage exagéré des réseaux sociaux sur internet peut être un signal de tendances dépressives.

Autre phénomène : dans le Massachusetts, une jeune fille de 15 ans s’est suicidée après avoir été harcelée par des élèves de son école via Facebook (cyberbulling). Internet permet à l’enfant harceleur de s’en prendre à sa victime en dehors du cadre scolaire, et parfois même anonymement. Le harcèlement n’est pas propre aux réseaux sociaux, mais il y trouve un terrain favorable. Les pédiatres américains évoquent également le sexting : des photos ou des vidéos intimes circulent sur les sites ou par téléphone portable sans que l’accord de la personne concernée, et souvent sans que ceux qui reçoivent ces images ne l’aient voulu. Là aussi, des suicides d’adolescentes ont eu lieu en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Le manque de contrôle des informations et des images diffusées rend les adolescents vulnérables. Sans aller jusqu’à ces cas extrêmes, 7 % des inscrits déclarent recevoir régulièrement ou ponctuellement des commentaires désagréables sur leur profil. De plus, les images idéales qui envahissent les sites (gens heureux ayant des centaines d’amis) peuvent donner l’impression à certains de ne pas être à la hauteur. Cette vision biaisée s’avère douloureuse pour des personnes qui ont peu d’amis et d’activités sociales. Les réseaux sociaux peuvent donc avoir un impact négatif sur l’estime et le bien-être des utilisateurs.

Un outil aux effets amplificateurs

Une vision manichéenne et simpliste est impossible. Tout comme le téléphone ou la télévision, internet et les réseaux sociaux ne sont que des outils, et peuvent aboutir au pire ou au meilleur selon le contexte et l’utilisation qui en est faite. Etre connecté à ses amis et sa famille, partager des photos et des idées, renforce le sentiment d’appartenance chez des enfants bien adaptés. Pour eux, internet est un moyen supplémentaire d’échanger avec les siens, une manière de renfoncer les liens. Voir les concours de popularité de certains (essayer d’avoir le maximum d’amis et de photos marquées) et recevoir des commentaires désagréables, déprime davantage encore les jeunes fragiles psychologiquement et/ou souffrant de solitude. Les réseaux sociaux sembleraient donc amplifier les phénomènes existants. Quoiqu’il en soit, la vie sociale, même si elle peut être entretenue via les réseaux sociaux en ligne, se construit toujours et encore à travers les relations réelles. Le contact en personne est dans presque tous les cas indispensable au développement d’amitiés sincères. Bien que le nombre de contacts en ligne puisse être énorme, le nombre d’amis proches est équivalent sur internet et dans le monde réel. Dans les années 90, un individu comptait en moyenne 5 amis proches. Ceci reste d’actualité.

Au final, les réseaux sociaux « online » constituent simplement un lieu d’interactions qui s’ajoute aux canaux conventionnels de communication : ils ne se créent pas au détriment des réseaux de proximité traditionnels existants. D’ailleurs, ils auraient plutôt tendance à découler des évolutions sociétales (affaiblissement des liens, transformation de la notion de groupe, horizontalisation et informalisation des relations), qu’à les précéder.

Source : Sciences Humaines, Le cercle psy.

Auteur : Lisa Friedmann

Résumé : Le pour et le contre des réseaux sociaux

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